Episode 02 - Anatomie d'un FlopTout en étant rationnellement très complet, j'avoue que ce deuxième épisode me laisse aussi un peu sur ma faim tant ce début de saison est guidé par les ''gros personnages dysfonctionnels''.
Cet épisode nous permet pourtant d'appréhender les dynamiques des trois camps, la construction des actuels duos et carrés tout en mettant l'accent sur quelques personnages dynamiques tels Bruce, Katurah, Drew & Austin, Julie, Brando, Kaleb & Emilie ... mais quelque chose bloque un peu pour moi.
Et au vu des réactions enflammées de certains casus-facebookiens prêts à brûler le bureau de psy de Hannah et à se moquer ad vitam de Brandon en faisant de lui le joueur le plus pitoyable de l'histoire du show, on dirait que je ne suis pas le seul à avoir des réserves, en beaucoup plus viscéral voire méchant.
Les Lulu-LosersPour moi, cet épisode était une étude psychologique en miroir entre Emilie & Brandon.
Vraiment, un complément de l'épisode de la semaine passée, on aurait presque pu imaginer un traitement à la Cagayan où les deux épisodes auraient formé une méga-soirée destinée à faire des Lulu la Luzon 2.0. en enchainant un double conseil et des séquences catastrophes.
Emily était surprenante cette soirée.
Tout en conservant un franc-parler & un côté piquant appréciable, la nana soudainement se remet un peu en question, tire parti de la bienveillance stratégique de Kaleb, et semble réaliser que Survivor, comme la vie, n'est pas qu'un jeu froid et factuel mais aussi un jeu émotionnel.
Chez moi, on a eu une discussion quant à savoir comment c'est possible d'attendre 28 ans pour avoir ce genre de réalisation, de lever de rideau sur la nature des relations humaines.
Il n'empêche qu'on pensait voir ce soir une Emily caustique, agressive, hautaine ... et voir aussitôt des nuances émotionnels et des stratégies aussi peu conventionnelles que son don de Shot in the Dark, ben c'était une réelle surprise bienvenue qui lui donne d'emblée une complexité géniale.
Sur l'autre versant, nous avons Brandon.
Alors que Emily s'ouvre vers la complexité narrative et quitte le OTT pour le CP, Brandon sombre dans la seconde partie de son diptyque et parachève son odyssée de la loose.
Après l'épisode 1 et ses chutes lamentables et très graphiques, ses épisodes de reflux ...
Nous retrouvons ici Brandon qui parle de sa scoliose, Brandon qui tombe en plein plan large qui se voudrait contemplatif, Brandon qui se contredit sur sa gestion de son vote en prenant le parti de le risquer après avoir voulu le conserver, Brandon qui échoue épreuve sur épreuve ...
Et Brandon qui sort des masterclass de charisme inversé avec :
* Je n'ai pas l'habitude de perdre parce qu'en général, je n'essaie jamais rien
* Je me suis mis à Survivor pour plaire à une prof qui ne m'aimait pas en 2008 et je voulais marquer des points avec elle
Le gars suinte le pathétisme, tous ses plans donnent le sentiment d'un lapin pris au piège qui voit le chasseur arriver pour le dépecer, mais qui essaie de nous faire croire qu'il vit un super moment.
Si ces deux épisodes avaient une fonction, c'était de nous enseigner que tous les névrosés, tous les timides, tous les introvertis ne subissent pas la métamorphose du papillon dans ce show.
Pour une Aubry & un David, il y'a des Brandon qui restent fondamentalement inadaptés à un tel jeu.
Qui plus est, le show a eu une approche problématique avec lui.
Plusieurs fois, on sent que l'émission, et Jeff, force à mort pour extraire du positif chez Brandon en nous rappelant qu'il est drôle et sympathique et passionné ... notamment cette anecdote de Jeff Water Boy qui ressemble à un geste de charité où l'on offre 2 euros à un clochard la veille de Noël.
Mais on ne voit rien d'appréciable, on ne voit pas ses compères de Lulu évoquer tant que ça l'agréabilité de coexister avec Brandon, le positif ici montré semble artificiel.
Et tout en essayant de se forcer à dire du bien, l'image nous montre tellement de mal, de loose-attitude, de loupés ... le show est malveillant (après, vu le matos ...) en se prenant une soudaine culpabilite de temps en temps qui les pousse à manufacturer une scène positive.
Brandon n'a aucunement aidé évidemment : cette scène où il choisit intelligemment de confier le Beware à Sabiyah (bien joué !) est contrebalancée par sa décision de risquer son vote pendant la mini-épreuve où il fait l'exact opposé ... juste parce que le gars veut se prouver qu'il peut réussir un truc dans cette aventure ... et échoue à nouveau !
Une légende de la loose, où le spectateur ne sait plus trop s'il doit être empathique ou se joindre à cette séance de piñata.
Et Facebook, par exemple, de s'enflammer en crachant sur ce début de saison coloré par ces personnages inadaptés et à priori mal castés ...
Ca n'en reste pas moins du show avec une histoire, mais bon, j'ai l'impression parfois que des gens adorent critiquer et cherchent simplement une branche sur laquelle s'appuyer ...
Brandon était remarquablement incompétent mais ce n'est pas le premier ...
Il a juste hérité d'un format rallongé qui a permis de dépeindre plus longuement ses loupés, pas de bol.
Pour le reste des Lulus, Kaleb sort clairement du lot avec son approche à la fois empathique mais aussi réfléchie auprès d'Emily, prenant clairement l'ascendant sur Sabiyah qui est privée de vote et d'opinion en fin d'épisode et se voit forcée par les mecs à conserver sa nemesis.
Sean reste définitivement plus convenu (MOR) et prêche la logique de conserver la force des épreuves ...
Et mention spéciale à la bougie sans feu : excellent.
Sabiyah ne m'est pas particulièrement sympathique (ma compagne l'aime bien par contre), donc le coup de l'idole inaccessible, c'était drôle ... hi hi.
* Le reste du castBruce continue de vivre avec son trauma crânien et son trouble de l'identité alternant entre Oncle Bruce le gros lourd (cette séquence où il fait le mariole dans le bateau avant de partir ... je comprends Katurah) et Papa Bruce l'autoritaire qui se cache très mal ...
Katurah continue d'hériter d'un montage solide mais un peu négatif où après avoir gentiment anti-Jake (les avocats), elle est désormais anti-Bruce qui l'irrite aussi bien dans son rôle surjoué de clown que dans son rôle de moins en moins caché de leader ...
On assiste aussi à la formation de binômes chez les Belo qui préfigure d'un bon futur conseil avec un choix à faire pour le duo Brando-Kellie (les alliances féminines dans les saisons à 3x6 sont décidemment en difficulté pour survivre plus de deux jours), mais il suffit qu'un des 6 perde son vote via un Beware ou en expédition pour que le choix n'en soit plus un et qu'on se retrouve avec un conseil déjà vu dans la S42 ou surtout S44 où les alliances se font moins par affinités et par obligation au vu des vote disponibles (oui, je pense à Carson).
Côté rouges, ça reste le Drew-show que je trouve un peu surfait.
Quand je le vois sortir son analogie médiévale pour parler de son recrutement d'allié, je trouve que le gars joue avec les caméras mais n'arrive pas trop à me convaincre actuellement alors qu'il est clairement le personnage central de la narration Reba à ce stade ...
L'obtention de son Safety Without Power & la sincérité qui va avec renforce son lien avec Austin, ce qui donne lieu à ce merveilleux confess où il admire leur complémentarité : ''il a le look, le charme, la physicalité ... et moi j'ai le cerveau''.
Certes ... il a l'air d'avoir plus d'adjectifs positifs que toi donc ?
Sifu a une petite scène au début de l'épisode qui l'assimile à un personnage d'anime, Maman Julie se met en mouvement socialement & J.Maya est trop occupée à décoder une langue ancienne pour se rendre compte qu'elle n'est pas dans le carré dominant du groupe.
Et Dee hérite d'une première séquence Dee-Centric focalisée sur son gros orteil ... What ?
Produit du temps additionnel où des scènes random peuvent être diffusées ou ... fusil de Tchekhov improbable sur sa future domination aux épreuves d'équilibres ?
Est-ce qu'on vient d'assister à la naissance de l'orteil de Tchekhov ?
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En bref, la saison démarre plutôt bien mais l'hyper-composante persos dysfonctionnels a besoin d'être compensée par un peu d'ancrage et de stratégie bien sentie pour offrir un meilleur équilibre.
Un épisode un peu moins Lulu-centric me ferait du bien, tout simplement.